Samaël S. Newton & Phoebe L. Sullivan
Je t'aime moi non plus débile.

Encore endormie dans les bras de Morphée, c'est la sonnerie stridente de son téléphone portable qui la fit sortir de son sommeil rapidement. Elle n'avait même pas pris le temps de regarder le numéro qui s'affichait. « -Ouai... » Demanda t-elle en se dressant doucement dans son lit, assise en tailleur, elle poursuit. « -On peut dire que tu me réveilles, mais ce n'est pas grave. Comment ça va ? » Elle se frotta les yeux, bailla un peu et souria légèrement. « -Elle a vraiment fait ça ? » Elle riait de plus belle. « -Grand-mère est extra. » Son sourire se dissipa doucement. « -Je ne sais pas Pa', j'ai pas mal de boulot en ce moment. Tu peux toujours venir nous rendre visite, Sam serait ravi de te voir, j'en suis certaine. » Son père s'inquiètait, comme toujours. Pourtant elle n'était pas partie aussi loin que la dernière fois. « -Je t'assure que tout va bien et puis je ne suis pas à l'autre bout du monde cette fois-ci. Venez passer quelque jour à la maison, le canapé est convertible et puis tu pourrais te rassurer comme ça. » Son père me confirma, dernière sourire au téléphone avant qu'elle ne raccroche. « -Moi aussi papa. A la semaine prochaine. » Elle se laisse tomber sur son lit. Instinctivement elle regarde l'heure qu'affiche son réveil et sourit. Sam, son meilleur ami et colocataire était forcément réveillé. Elle enfila un bas de jogging et un pull quatre fois trop grand. En arrivant près de lui, il commence avec ses réflexion, elle ne relève pas et se sert un grand bol de lait avec des céréales dans la cuisine avant de finalement le rejoindre dans le salon. S'installant sur le canapé en allongeant ses jambes sur celles de Sam, un large sourire aux lèvres. « -Tu peux vérifier par toi-même que tout va bien. » Prenant une premier cuillère de ses céréales, elle regarde le match à la télévision. « -C'est l'équipe que vous devez affronter pour le championnat ? » Demanda t-elle. « -Tant que j'y pense, mon père vient la semaine prochaine avec madame.Ils vont passer quelques jours ici. Est-ce que tu pourrais être dispo le jeudi ? J'ai un shooting que je ne peux pas déplacer. » Oui elle sait, elle abuse, mais il a l'habitude. Il va râler et finalement il lui dira oui, mais avant tout, il faut qu'il râle.

Ils ont toujours été ainsi tous les deux, ils se chamaillent, ils se disputent, ils s'aiment. C'est leur mode de fonctionnement et il ne changera jamais. D'ailleurs, elle ne veut pas voir Sam changer, elle veut qu'il reste fidèle à lui même, elle l'apprécie comme ça et pas autrement. Ils ne s'entendraient pas si bien si ils s'engueulaient moins souvent. Phoebe regarde vers la fenêtre. « -Ils ont bien annoncé un orage pour ce soir... » Continuant de contempler le ciel. « -J'espère que oui, j'ai prévu de sortir pour le photographier. Il faut que je recontacte monsieur météo. » Ils parlaient de tout est de rien avant la tempête.

Samaël S. Newton & Phoebe L. Sullivan
Je t'aime moi non plus débile.

Le fait d'être sur les routes lui manquait, le fait de parcourir des territoires inconnus, de voyager à travers le monde, de faire ses multiples rencontres, de s'enrichir d'un point de vue culturel et historique. Tout ceci lui manquait énormément. On dit souvent qu'on a le mal du pays, mais contrairement à tous, elle avait le mal des pays. Phoebe espérait de nouveau partir sur les routes, prendre l'avion, le bateau, se rendre dans des villages en barques, devoir marcher et camper pendant des jours afin de pouvoir atteindre le point de chute. Dans un coin de sa tête restait l'idée qu'elle recommencerait sans doute un jour, mais pas tout de suite. Ses pensées se multipliaient tandis que ses yeux vagabondaient vers les fenêtres, voyant le temps s'obscurcir rapidement, si bien qu'ils se seraient cru en soirée. Pourtant, il était encore tôt.

La maison était bien éclairée aux alentours de midi, le soleil se présenter juste dans l'aller centrale, vers toutes nos fenêtres, le restant de la journée, il était caché par ses arbres, ses énormes tronc majestueux qui bordait la route jusqu'au centre-ville. Finalement, elle reportait son attention sur Sam, qui refusait sa requête. « -S'il te plaît. Je m'arrange pour qu'il arrive jeudi matin, juste avant que tu partes au boulot, mon père est toujours ponctuel, il serait capable de te réveiller. Je pars dans deux jours et je reviendrais seulement jeudi en fin d'après-midi, ce n'est pas très loin, mais on a beaucoup de boulot et on a déjà reporté le tout au moins deux fois. Je ne peux pas faire autrement et il faut absolument du monde pour accueillir mon père. Me lâche pas sur ce coup là... S'il te plaît. » Un regard brillant, un léger sourire distinct pour se donner un air angélique, elle lui jouait le coup du chien battu, sa première et généralement unique carte, il avait fallu marchander un peu, mais s'il acceptait, le reste c'était dans la poche. « -Je te revaudrais ça promis. »

Finalement il lui reparlait de ce soir, elle fut quelque peu prise de cours, mais Phoebe adorait ce genre d'engueulade, ils se disputent et s'inquiètent. Cela nous donne un 'je t'aime moi non plus débile' épique. Une conversation qu'ils sont seuls à suivre correctement, parce que finalement, elles ne sont jamais vraiment sérieuses ses disputes, elles sont présentes, mais elles font simplement partie d'eux. « -Je me couvrirais bien et j'ai trouvé l'outil adapté pour ce soir depuis au moins 2 mois. Je ne veux pas louper ça. Ce petit bijou m'a coûté une fortune. Tu veux venir ? Tu pourras me dire ce que tu penses des photos prises par rapport à ce que tu as eu le temps de voir dans la réalité. » Elle regardait de nouveau le ciel, sans doute va t-elle même pouvoir sortir plus tôt. Un peu pressée de se préparer à sortir, elle essayait, comme d'habitude, d'esquiver la conversation. Un petit « -Mais non ! », le silence les yeux rivés sur la fenêtre. Soudain un morceau de phrase fait tilt, il a failli quoi ? « -Tu te moques de moi, tout est dans ma chambre soigneusement rangé, mon matériel ne traîne pas. En revanche, il se peut que tu es marché sur mon sac en toile, dans lequel effectivement il se peut qu'il y ait pas mal de bordel. »  Elle eut le temps de finir ma phrase, que plus de son, plus d'image, tout venait de s'éteindre en une fraction de seconde. L'orage pointait le bout de son nez. « -Comme tu dis...merde. Cuisine ou salon les lampes de poches ?» Elle se redressa et me dirigea doucement dans la cuisine. « -Mais sinon c'est bon pour mon père jeudi matin ? » Redemanda t-elle. Juste pour être certaine qu'il n'a pas changé d'avis. En arrivant dans la cuisine, Phoebe commença à ouvrir les tiroirs à la recherche de ses fameuses lampes. « -Je commande pour combien de personne au resto pour le vendredi ? Tu viendras avec nous ou tu vas bosser ? »